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Colloques du CIREM 16-18

Projets encyclopédiques et circulations des savoirs, 1500-1750

26, 27 et 28 octobre 2022, Montréal

5e colloque international transversal du CIREM 16/18

organisé par Lyse Roy, Pascal Bastien et Claude La Charité

Le mot encyclopédie, introduit par Rabelais en français et défini par Guillaume Budé comme « érudition circulaire » conformément à son étymologie grecque de « cercle des connaissances », place en son centre le savoir et autorise à penser le fondement même du projet encyclopédique de la première modernité par ce mouvement de circulation des savoirs, opérations complexes de transformation, d’adaptation, de traduction, de translation, consubstantielles au déplacement d’un « lieu de savoir » à un autre. Le projet encyclopédique procède à une opération intense d’intertextualité mettant en œuvre une « circulation circulaire de l’information », alors que, telle une « machine textuelle » vorace, il copie, plagie, emprunte, adapte, absorbe, intègre, reprend des textes à d’autres ouvrages de référence ainsi qu’à une variété de textes anciens et contemporains. Ainsi, à l’image du cercle, le projet encyclopédique s’affirme en tant qu’unité et comme mouvement, sans fin, dans le déploiement des médiations et des transformations des contenus.

L’Encyclopédie de Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert, considérée comme le paradigme du genre, a beaucoup mobilisé les études critiques sur l’encyclopédisme, c’est pourquoi ce colloque souhaite analyser le phénomène avant l’Encyclopédie et éviter le piège téléologique qui consiste à tout relier à l’anticipation de son avènement. Le colloque souhaite plutôt rendre compte de la variété et de la complexité de l’encyclopédisme avant la cristallisation du genre. En effet, les projets encyclopédiques se sont multipliés depuis la Renaissance, portés par l’humanisme, l’accumulation et l’inflation des connaissances et par la technologie de l’imprimerie. Si l’encyclopédisme humaniste ne se matérialise pas par la réalisation d’une encyclopédie au sens moderne du terme avant 1630, la notion s’impose dans la culture savante. Les projets encyclopédiques prennent des formes variées pour organiser l’abondance des savoirs, signifier des principes d’ordonnancement et de classification, assurer la circulation et transmission des savoirs. Les projets encyclopédiques se matérialisent certes par le livre comme l’a si bien analysé Ann Blair (2020) (dictionnaires spécialisés, ouvrages de référence, commentaires, compendium, listes, catalogues, etc.), mais aussi le transcendent par les métaphores et représentations totalisantes ordonnant et classifiant les savoirs ; il entretient des rapports de proximité avec les collections (images, artefacts, livres), la bibliothèque, le musée, les archives, le récit de voyage, etc., dès lors que l’entreprise aspire à la totalité, à tout le moins à l’exhaustivité, propose une vision synoptique du monde, sinon d’un monde, et met en œuvre un projet pédagogique de transmission des savoirs.

Ce colloque propose une rencontre des disciplines (histoire, histoire de l’art, histoire des sciences, histoire du livre, littérature, philosophie) pour analyser les projets encyclopédiques de la première modernité dans ses formes matérielles et idéelles.

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Postures ventriloques (XVe -XVIIIe siècles)

15, 16 et 17 juin 2022, Montréal

4e colloque international transversal du CIREM 16/18

organisé par Diane Desrosiers et Roxanne Roy

Depuis la plus haute Antiquité grecque et latine et à travers tout le Moyen Âge, les historien.ne.s, philosophes, littéraires et artistes ont mis en scène des personæ féminines, et leur ont donné une voix. Qu’elles relèvent de l’ethos de l’amante éplorée (pensons aux poésies de Sapho ou aux Héroïdes d’Ovide), de la femme cruelle, de la jeune fille chaste et pure ou de la vieille d’origine modeste, ces « voix » féminines modulées à la première personne présentent une grande diversité d’ethe. Si on retrouve bien évidemment ces mêmes « voix » dans l’histoire, la littérature et les arts d’Ancien Régime, les bouleversements socioculturels importants que connaît la première modernité (XVe - XVIIIe siècles) et qui amènent une transformation radicale du rapport des femmes à la culture (Timmermans, 1993) ont entraîné une modification profonde des enjeux et modalités qui entourent la prise de parole des femmes. Le 4e colloque du CIREM 16/18 vise à préciser la nature et l’ampleur de cette modification dans la construction du genre en apportant des réponses aux diverses questions que soulèvent, durant cette période, les postures associées à des figures féminines : de quelle manière les femmes s’expriment-elles sous la plume des écrivain.e.s, des historien.ne.s ou des penseur.e.s ? Comment les artistes – acteur.rice.s, peintres, sculpteur.e.s – donnent-ils voix à la femme ? Quelles sont les stratégies adoptées pour contourner la censure religieuse ou les prescriptions rhétoriques qui interdisent aux femmes de se faire entendre en public ? Quelles représentations de la prise de parole féminine au « je » donne-t-on à voir dans les textes, les discours, les dialogues, les journaux, les lettres, les beaux-arts, la musique et les arts de la scène ? Ces personæ sont-elles caractérisées par la modestie, ou trouve-t-on davantage de postures affirmées et revendicatrices ? Ces imitations de « voix » féminines (entendues ici comme une métaphore) reproduisent-elles les stéréotypes associés à la « nature » féminine que véhiculent les divers registres du discours social (philosophique, théologique, juridique) ou s’en démarquent-elles ? Et selon quelles modalités ? Quelles traces la société actuelle conserve-t-elle de ces dispositifs qui se mettent en place sous l’Ancien Régime ?

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Histoire de l’édition : problématiques et enjeux des partages disciplinaires (XVIe-XVIIIe siècles)

20-22 octobre 2021, Québec

3e Colloque international du CIREM 16/18

organisé par Sophie Abdela, Maxime Cartron et Nicholas Dion

Dans un article de 1996, Jean-Yves Mollier définissait l’histoire de l’édition comme un « carrefour de disciplines» et l’envisageait plus particulièrement sous l’angle de l’histoire économique, de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle, tout en refusant de l’y réduire, en raison de sa « vocation globalisante». De ce point de vue, il est légitime de l’utiliser à la fois comme champ d’investigation et comme observatoire, afin notamment d’explorer d’autres méthodologies et d’autres manières d’écrire l’histoire des disciplines intellectuelles. Ainsi en va-t-il de l’étude des rapports de l’histoire de l’édition et de l’histoire littéraire, surtout si l’on considère avec Alain Viala que « faire l'histoire de la littérature, c'est faire l'histoire d'un objet variable et contingent. Ce ne peut donc être que faire l’histoire de ces variations, de leurs modalités, de leurs implications ». La remarque, du reste, vaut également pour l’histoire des concepts, l’histoire des idées ou encore l’histoire de l’art et l’histoire culturelle : en suivant cette perspective, on constate que le recours à l’histoire de l’édition s’impose de lui-même, puisque pendant la première modernité, les textes et les œuvres sont très souvent instables. Il importe dès lors de les appréhender dans leur matérialité. Cependant, des résistances rendent compte d’une disjonction entre les méthodes et les objectifs de ces deux moyens de concevoir des objets de recherche qui, par là, sont jugés immiscibles. Le présent colloque voudrait donc revenir sur les raisons et les implications, principalement historiques et idéologiques, de tels partages disciplinaires, en approfondissant la question suivante : qu’avons-nous à gagner en pensant conjointement, et dans le cadre intellectuel spécifique des XVIe-XVIIIe siècles, histoire de l’édition et histoire des disciplines intellectuelles ? Dans ce but, trois directions retiendront notre attention :

Généalogies et héritages : quelle place pour l’histoire de l’édition dans l’histoire de la littérature/de la philosophie/des mentalités/de l’art (etc.) ? Comment ces dernières ont-elles perçu et perçoivent-elles celle-ci ? On s’intéressera aux usages de l’histoire de l’édition chez les historiens des disciplines intellectuelles : entre occultation, caution négligée, réservoir d’idées et d’informations ou véritable science auxiliaire, son statut ambigu n’en fait-elle pas l’un des grands refoulés d’une certaine historiographie constituée comme discipline globale ? Réciproquement, on pourra interroger les représentations de l’histoire des diverses disciplines intellectuelles relatives aux sciences humaines chez les historiens de l’édition : quelle place lui réserver et quel traitement lui accorder ? Est-elle un obstacle ou un atout ? Plus généralement, l’historien de l’édition et l’historien de la littérature/de la philosophie/des idées/de l’art (etc.) ont-ils des gestes et des objectifs en commun ?

Interactions et interférences : par quelles éditions les textes des XVIe-XVIIIe siècles adviennent-ils à l’histoire littéraire/culturelle/des concepts (etc.) ? Comment travaillent les historiographes, à partir de quelles matérialités (premières ou dernières éditions, rééditions, recueils factices, anthologies, œuvres complètes…) ? Sur quelles versions spécifiques des textes fondent-ils leurs analyses et leurs interprétations ? Opèrent-ils un véritable travail de génétique éditoriale prenant en compte les variantes typographiques d’un exemplaire à l’autre, les modifications de l’appareil paratextuel, les erreurs d’impression et, plus largement, les accidents de la publication, ou sont-ils tributaires d’une conception essentialiste du texte et de l’œuvre ?

Méthodes : de quelles manières le monde de l’édition conditionne-t-il, par son agentivité, l’histoire des disciplines ? Par quels moyens sortir de l’emprise hégémonique de la figure auctoriale et rendre compte des interventions des intermédiaires de la publication, dans la perspective d’une histoire du fait intellectuel ? Est-il possible d’écrire avec l’histoire de l’édition une histoire des disciplines qui serait une histoire de la lecture des textes de la première modernité ? Comment traiter, en somme, les « modalités de publication, de dissémination et d’appropriation des textes» en historien des pratiques inhérentes à certains champs disciplinaires ? En 2010, Alain Vaillant écrivait que « le chemin est encore long pour constituer une génétique historique qui situerait les écritures littéraires singulières au sein d’une histoire globale de l’écriture englobant toutes les contraintes sociales, économiques et matérielles qui pèsent sur elle ». En étendant ce questionnement à l’histoire, à la philosophie et à l’histoire de l’art, nous proposons d’apporter quelques réponses à cette question : où en sommes-nous exactement aujourd’hui ?

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Les -ismes et catégories historiographiques à l'époque moderne

23-25 octobre 2019

2e colloque international du CIREM 16-18

L’histoire et l’historiographie des courants de pensée mobilisent abondamment les suffixes en –isme afin de désigner des principes identitaires, des proximités et des démarcations, bref, de construire des nomenclatures à ancrage souvent polémique. La période moderne, qui débute à la Renaissance (XVIe siècle) et se termine au début du XIXe siècle, occupe à cet égard une place privilégiée pour trois raisons principales.

D’une part, nous continuons aujourd’hui d’utiliser plusieurs catégories historiographiques dans la recherche et l’enseignement sur la période moderne, sans nécessairement les interroger : par exemple l’« empirisme », le « matérialisme », le « classicisme », le « baroque » ou le « romantisme », etc. Plus largement, l’institutionnalisation de l’historiographie de la littérature et de la philosophie et l’autonomisation de l’histoire des sciences, des religions et des arts se sont accompagnées de la création d’un répertoire dont les effets sont encore pérennes. Ensuite, l’époque moderne forge ou renouvelle ses propres catégories afin de spécifier son identité. L’« humanisme » sert par exemple à désigner une nouvelle représentation de la nature humaine à la Renaissance, qui s’oppose à la vision théologique et scolastique et à partir de laquelle la nouvelle philosophie doit à son tour se positionner. Le « cartésianisme » prend son sens par démarcation d’avec l’« aristotélisme », lequel est ensuite réinvesti au titre de nouvelles formes. Enfin, nos méthodes et résultats d’historiennes et d’historiens sont actuellement mis en cause par des disciplines s’étant de leur côté activement engagées dans une démarche d’autocritique : l’histoire intellectuelle (en particulier sa branche ancrée dans l’histoire des sciences) et, plus largement, les sciences sociales.

Une des cibles de ces critiques est précisément l’« essentialisme » que trahit l’usage aussi permanent qu’incontrôlé de ces –ismes. Cette critique vise aussi les études littéraires, jugées souvent trop promptes à reconduire aveuglément des catégories et à négliger l’étude des conditions matérielles, institutionnelles et plus largement conjoncturelles de ces productions culturelles.

Revenir sur les –ismes est ainsi une façon de faire leur plein droit à ces critiques et de se demander quel type de réponses circonstanciées peuvent leur apporter les humanités. Ce colloque international s’intéressera à l’étude des –ismes et plus largement aux catégories historiographiques à l’époque moderne depuis une perspective pluridisciplinaire (littérature, philosophie, histoire et histoire de l’art). Il pourra s’agir d’étudier ces catégories telles que forgées pendant la période moderne ou employées ultérieurement par les chercheurs pour traiter de cette même période.

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Émotions en bataille, XVIe-XVIIIe siècle. Sentiments, sensibilités et communautés d’émotions de la première modernité

23-26 octobre 2018

1er colloque international du CIREM 16-18, sous la responsabilité du GRHS

AN00031493 001 CROP 665x1024En dépit de l’histoire des émotions qui constitue aujourd’hui l’un des chantiers les plus prolifiques de l’histoire médiévale, et de l’histoire des sensibilités qui permet d’explorer les différentes traces et discours des cultures sensorielles des XIXe et XXe siècles, la recherche sur l’époque moderne demeure toujours méfiante à l’égard des « émotions ». Depuis le déclin de l’histoire des mentalités, les chercheurs explorent les pratiques et les représentations, mais hésitent toujours à penser en termes d’affects, de sentiments ou d’émotions. La philosophie (Descartes, Spinoza, Hume), la rhétorique (Bernard Lamy), la poétique (Scaliger), l’esthétique (Leibniz, Kant, Burke), voire la peinture (Le Brun, Diderot, Lavater, Winckelmann) des passions, suscitent en revanche un intérêt fécond pour une réflexion commune. Plus que jamais, le dialogue interdisciplinaire devient nécessaire pour penser cet aspect fondamental de la première modernité.

Puissante, constructive et active, l’émotion est un lien social et un facteur de solidarité. Elle est au cœur de la pitié naturelle comme de la sensibilité sociale. Elle est à la source de nombreuses nouveautés associées à la première modernité (la piété personnelle, l’individualisation de l’enfant ou l’amour bourgeois) et constitue le moteur d’importants basculements de l’ordre ancien (le désenchantement du monde de la Réforme, ou la refondation d’un autre par la Terreur). Alors que les expériences émotionnelles des acteurs et des observateurs peuvent différer radicalement, elles peuvent aussi être étroitement liées par l’interaction sociale (dans le cadre d’espaces particuliers de sociabilité, ou par la correspondance), les représentations culturelles et visuelles (comme le théâtre et les beaux-arts) et la médiatisation (la presse périodique ou les images volantes). Les émotions et leurs usages ont aussi suscité le débat et participé à la formation et à la dissolution non seulement des groupes sociaux et des communautés, mais encore des rumeurs, des révoltes et des révolutions.

Comité d’organisation : Pascal Bastien (UQAM), Peggy Davis (UQAM), Benjamin Deruelle (UQAM), Frédéric Charbonneau (McGill), Lyse Roy (UQAM)

AfficheProgramme

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